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Mes poils et moi

À rebrousse poil !

“Au départ sur terre c’était Byzance, tout le monde m’a brossé dans mon sens…”

Cette chanson a eu beau faire partie de mes préférées du groupe Java, il aura fallu que j’attende d’avoir 32 ans et quelques semaines pour oser découvrir… mes poils !

Tout a commencé par une certaine flemme liée quant à elle à une certaine hyperactivité. Trop de choses à faire pour perdre du temps à m’épiler !

D’abord, revenons en arrière, on était en juin, je venais de rencontrer un jeune homme charmant. Les premiers soirs je n’étais pas très velue et ça c’était plutôt (très) bien passé entre nous. Puis, l’été venant, je suis partie un mois dans mon village aveyronnais. Je travaillais sur le chantier de ma maison et mon apparence passait bien après tout le reste. La veille de le revoir, j’ai voulu utiliser un de mes instruments de tortures (quitte à me faire du mal je le fais jusqu’au bout, pas de rasoir pour moi) mais j’ai finalement préféré jouer à des jeux de société avec mes cousins.

Quel glamour ! Ensuite, j’ai donc revu ce jeune homme un peu plus poilue. Mais finalement la soirée m’a laissée encore plus enthousiaste à son égard. Un autre mois a filé. Et j’ai profité de la chaleur de l’été, des jupes, des robes, des dos-nus et finalement je m’habituais à mes poils. En fait, ceux de mes aisselles m’intriguaient, je n’arrêtais pas de les caresser, de m’étonner de leur contact, de leur vue.

J’avais peur d’avoir une odeur de transpiration plus forte mais non, tout allait bien de ce côté là ! Aussi, petit à petit j’ai pris un certain plaisir à les avoir, j’ai même trouvé que ça me donnait un petit air sauvage, assez sexy finalement. De manière générale par rapport à mes amies, je suis plutôt chanceuse coté poils. Pas très nombreux et plutôt fins, ils se camouflent sur ma peau mate. Je ne m’en occupais pas très souvent.

Après l’été, le chantier à la campagne puis le surf à la plage, j’ai du me résigner à rentrer en ville et là ! Là, j’avoue que ça a été dur, j’ai vraiment hésité à tout enlever. Enfin, dur d’assumer les rdv avec des élu.e.s de collectivités territoriales. Surtout que je suis du genre assez nature, à lever les bras au ciel quand je m’exprime ! Mais bon, prendre une grande respiration, sembler sûre de soit et ça passe ! Et si besoin d’un coup de motivation, un article féministe c’est pas mal…

Puis côté cœur j’ai été un peu vache :
« Dis, ça te dérange mes poils ? »
« Pas du tout… »

Bon c’était ce qu’il pensait vraiment mais si il m’avait dit que oui, j’aurais vraiment été très très déçue de lui. Et pour être honnête, je ne sais pas trop comment j’aurais réagi. Et en même temps j’ai eu besoin d’être rassurée, de me sentir encore désirée, encore femme. Car finalement le plus dur restait à venir. Les poils de mes jambes n’arrêtaient plus de pousser !

Si niveau aisselles mes poils ne rentrent pas en compet’ avec les mecs, côté mollet c’est pas gagné !!!

Et oui, je n’aurais jamais imaginé avoir des jambes… Qui ressemblent à celles d’un homme. Ça m’a vraiment perturbé. J’ai vraiment eu du mal à accepter que mes jambes n’étaient pas anormales, que ce n’était pas des jambes de mecs, mais les miennes, des jambes de femmes.

Puis la venue de l’automne ne m’a pas aidé à mieux assumer mes poils car plus je les ai cachés (derrière des habits, à cause de la météo) moins j’ai assumé, plus j’ai eu honte. Ils ont failli y passer début décembre quand des amis d’enfances m’ont invité aux 60 ans de leur père avec Jacuzzi… Oups !

Les poils mouillés ça paraît encore plus long et plus noirs !

Finalement ils sont encore là et je commence à les trouver doux. Et je me dis qu’il en faut peu pour que je commence à les apprécier… Mais le hic c’est que le jeune homme s’est envolé : nouveau défi !

« Ce mec il est plutôt pas mal mais dois-je lui dire que je cultive mes poils ?? ! »

Et c’est tout bête mais bon suis-je vraiment assez forte pour assumer un vent sous la couette ? Dur, dur… Vraiment l’été c’est beaucoup plus facile d’être naturelle, de ne pas se prendre la tête… Et puis dans 10 jours je m’envole pour le Brésil. 3 mois. Et s’il y a bien un pays qui fait la guerre au poil c’est bien celui-là !!! Alors je me questionne : vais-je les garder ?

Au final, que je les garde ou non, ce que j’aime aujourd’hui c’est d’avoir vécu cette expérience.

Et de m’être confrontée à la découverte de mon corps au naturel, d’avoir vécu de nombreuses émotions différentes : le rejet de mes jambes, la honte, leur acceptation, la douceur du poil et malgré tout la fierté de sortir, peut-être pour un court moment, du diktat physique. Puis surtout ce qui me questionne c’est que nos corps hommes et femmes sont peut-être beaucoup plus similaires que ce que l’on croit (depuis que je bosse sur mon chantier j’ai plus de biscotto que certains de mes amis !). Mais ça c’est autre sujet !

Marion Valadier

Auteur/e Marion Valadier

Voyageuse, éprise de rencontres et curieuse de tout, Marion VALADIER est une aventurière qui fourmille d’idées. Avec sa station de tournage spéciale baroudeuse, elle est constamment en mouvement, à découvrir le monde, le sac au dos, les yeux et les oreilles grands ouverts. A chaque nouvel endroit qu’elle découvre, une idée de film germe. Pour Marion ce qui importe c’est avant tout le sujet. La forme, qu’elle soit documentaire ou fictionnelle, photographique ou sonore, doit permettre de porter la thématique au mieux pour transmettre son message. Avec Rites de Femmes c'est une nouvelle aventure qui s'ouvre pour elle, transmettre à travers des formations, de manière ludique et artistique, les belles découvertes qu'elle fait !

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Join the discussion One Comment

  • Adel dit :

    Coucou
    Moi j’ai juste envie de dire de suivre ses envies du moment …
    Pas de règles
    Les poils c’est naturels et je trouve cela très beau . J’adore mes aisselles poilues …mais au delà d’une certaine taille ,je trouve plus du tout ça esthétique et je sens plus fort ,alors je me faits une petite taille ou je rase le tout . Pour les jambes je trouve ça vraiment très très moche mais je me rase une fois tout les deux mois ,j’ai la chance de vivre au milieu de poilues et d’hommes qui ne feront pas de remarques . Pour le maillot ,j’ai abandonné l’idée d’être épilée et j’assume ! Je me fais des coupes au ciseaux . Si un homme me fait une remarque ,c’est qu’on vit pas sur la même planète et personne ne m’imposera quoi que ce soit sur MON corps . La société ,notre éducation ,les normes influencent énormément notre manière de voir notre corps et les poils
    Apprendre a desaprendre
    Long voyage !

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