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Torse nue

Ou ma difficulté à m'exposer, au soleil, au vent, à l'eau, librement

Je ne porte plus de soutien gorge depuis maintenant cinq ans.

Je me souviens du premier jour où je n’en ai pas porté, en 2012, lors d’un tournage au Congo dans la brousse. Ce jour-là ce n’était pas un choix. Mon tee-shirt était trop poisseux et la majorité de mes affaires dans une maison à la capitale. Je n’avais qu’un dos-nu à me mettre et porter dessous un soutien-gorge « normal » était vraiment trop « vulgaire ». Il aurait était trop voyant. Je me souviens avoir passé une journée horrible.

Je me sentais nue, observée, j’avais l’impression que tout le monde le voyait et me jugeait.

J’étais affolée et derrière ma lourde caméra, j’essayais de cacher ma poitrine.

Quelques années plus tard, au Brésil, j’ai commencé, petit à petit, à arrêter de porter un soutien-gorge. La chaleur moite de la Bahia les rendait inconfortables. Ceci est quasiment inconsidérable pour les brésilienne et c’est la même pour le topless à la plage. D’ailleurs quand une touriste montre ses seins, la rumeur court très vite sur la plage : « Venez-voir il y a une française ! » Pareil pour les aisselles non épilées qui seraient notre adage… Incroyable non ? Serait-on plus libre à l’étranger ?

Puis je suis rentrée en France. Et au tout début je remettais des soutien-gorge lorsque j’allais à Paris voir des producteurs ou lorsque j’avais des rendez-vous important.

Revenons à nos moutons, ou plutôt à l’écume des vagues de septembre quand je faisais allègrement du topless au soleil. Non ce n’est pas vrai.

Je suis encore bien souvent la première à exposer mes seins ce qui n’est pas facile.

Et je ressens toujours beaucoup de gène quand je quitte le territoire de ma serviette, que je me lève pour aller faire un tour dans l’eau. J’entends presque chuchoter : « t’as vu comment elle expose ses seins ? Comment ils bougent à chacun de ses pas ? » Paranoïa quand tu nous tiens.

Alors que je commençais à assumer, presque à revendiquer mon état de femme libre, sauvage, seins nus, je me suis surprise à chercher mon haut de maillot de bain, pour le mettre avant d’enfiler ma combinaison pour aller surfer. Comme si je mettais un soutien-gorge. Je me suis demandée pourquoi et j’ai arrêté mon mouvement. J’ai enfilé ma combinaison, fait quelques étirement et retrouvé avec bonheur les vagues. Une fois bien épuisée, mes pauvres muscles rincés, je suis sortie de l’eau pour aller à la… douche…

Enlever la combinaison, qui colle à la peau, les seins à l’air. Dur, dur, dur. Vraiment.

Je ne pensais pas que ce geste me coûterait tant. J’ai regretté et franchement, je ne l’ai pas refait des quinze jours. Je ne suis pas encore prête. Je ne sais pas pourquoi je me suis sentie autant exposée, torse nue.

D’ailleurs pourquoi employons-nous plutôt l’anglicisme « topless » pour les femmes (donc littéralement sans le haut) et plutôt « torse nu » pour les hommes ?

J’ai repensé à mon enfance et au jour où, alors que j’étais en train de faire une randonnée en vélo avec mes cousins, mes parents m’ont dit de mettre un tee-shirt. Ils m’ont expliqué que je ne pouvais plus être torse-nue car mes seins commençaient à pousser. J’étais très jeune, une dizaine d’années, je n’ai pas compris. Pourquoi je devais porter ce tissu mouillé de transpiration alors que mes cousins sentaient le vent sur leur peau nue ? Ce souvenir, qui peut paraître tellement anodin, a été pour moi une injustice terrible.

En devenant femme, je n’avais plus les mêmes droits que les garçons et je devais me cacher.

Marion Valadier

Auteur/e Marion Valadier

Voyageuse, éprise de rencontres et curieuse de tout, Marion VALADIER est une aventurière qui fourmille d’idées. Avec sa station de tournage spéciale baroudeuse, elle est constamment en mouvement, à découvrir le monde, le sac au dos, les yeux et les oreilles grands ouverts. A chaque nouvel endroit qu’elle découvre, une idée de film germe. Pour Marion ce qui importe c’est avant tout le sujet. La forme, qu’elle soit documentaire ou fictionnelle, photographique ou sonore, doit permettre de porter la thématique au mieux pour transmettre son message. Avec Rites de Femmes c'est une nouvelle aventure qui s'ouvre pour elle, transmettre à travers des formations, de manière ludique et artistique, les belles découvertes qu'elle fait !

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