Skip to main content

Aller voir ailleurs créativement

Créativité et gynécologie holistique

Pendant une dizaine d’années, je me suis identifiée à travers mon travail, ma passion :

“Je m’appelle Marion Valadier, je suis réalisatrice de films documentaires. “

 

Mais ces dernières années une certaine frustration a commencé à grandir.

J’ai fait mes premiers films de manière alternative, sans financements. C’était chouette, spontané mais aussi épuisant. Et surtout au final la plupart de ces créations sont restées au placard… Car après avoir mené tout de front, seule, comment trouver l’énergie d’aller taper à toutes les portes pour le diffuser ? La communication, la diffusion c’est tout un travail en soit.

J’ai ensuite essayé de passer par le circuit classique.

Un dossier de film doit tout décrire, nos intentions artistiques, techniques, nos motivations, le scénario idéal du documentaire que l’on envisage, que l’on rêve. J’ai écrit, ré-écrit, je ne sais combien de fois mes projets pour qu’ils s’ajustent, qu’ils entrent dans les bonnes cases et recevoir des subventions. Cela a parfois porté ses fruits. Mais ce que je ressens aujourd’hui, c’est que j’ai arrêté de filmer, de créer, d’inventer pour remplir des dossiers. Petit à petit je me suis formatée.

C’est peut-être aussi et surement lié au documentaire en lui-même, au fait de filmer la réalité. J’ai essayé de repousser les barrières. De jouer avec les genres, la fiction, l’animation. Mais si la nouveauté est bien perçue pour les subventions, elle l’est beaucoup moins au niveau des chaînes de TV . (surtout quand “on est personne”). Et sans chaîne TV, pas de financements.

J’ai l’impression dernièrement d’avoir délaissé l’acte créatif.

Et je commence sérieusement à avoir envie d’aller voir ailleurs créativement, je me sens de moins en mois « réalisatrice de films documentaires ».

Grâce à Marie P. Péres, j’ai commencé l’année dernière tout un travail ou plutôt je dirais toute une libération créative. J’ai notamment commencé cette plongée en moi-même grâce au livre qu’elle conseille dans notre formation Les bases de la gyn’écologie holistique : Libérer sa créativité de Julia Cameron. Ce livre est mal traduit, avec des choses dépassées, des choses à prendre et à jeter mais que je le recommande moi aussi tout de même…

Petite digression : je n’ai tout d’abord pas réussi à le faire toute seule (il s’agit d’un programme de 12 semaines) j’ai ensuite réessayé en groupe, avec 3 amis et travailler ensemble nous a beaucoup aidé.

Quel est le rapport entre gynécologie et créativité ?

Je ne sais pas reformuler clairement les idées que l’on me transmet, je vais donc vous faire part de ma propre interprétation, théorie… Tout est inter-lié. Que l’on se considère comme artiste ou non, la créativité est une expression de soi importante, à ne pas négliger pour notre équilibre global. Et dans mon idée avant il n’y avait pas de séparation artiste et non artiste. L’art faisait partie du quotidien, de la confection de tous les objets, vannerie, poterie, armes… Aujourd’hui nous séparons les artistes des artisans et des non artistes…


Blocages créatifs

En commençant cette plongée dans mes peurs , dans mes blocages, j’ai pu observer certains points clés de mon parcours :

  • Un père extrêmement stressé par son travail d’où le blocage de « je ne ferais jamais un travail juste pour gagner de l’argent » qui a par la suite entrainé un blocage financier que heureusement je travaille notamment grâce à Rites de femmes
  • Ma passion depuis toujours des livres, de la lecture, mon rêve d’enfant de devenir écrivain. Rêve tellement important que je l’ai toujours repoussé de peur de découvrir que j’en suis incapable, que ce n’est qu’un rêve. Peur de l’échec.
  • Mon grand-père, peintre, qui me disait que de toute manière il ne pourrait pas m’enseigner à dessiner car je m’éparpille, car je veux toujours tout faire, tout découvrir. J’ai découvert depuis peu l’expression de “monoculture mentale”. Avec le travail en chaîne on nous a appris à nous spécialiser et à rejeter la “permaculture mentale”.
  • J’ai toujours eu de bonnes notes en chant et adoré chanter. Pourtant à un moment, j’ai commencé à croire que je chantais faux et en faire une réalité… A avoir peur et honte d’essayer de chanter…
  • Mon envie première au lycée était d’étudier la photographie ou d’intégrer une école d’art… En regardant les écoles et les débouchés j’ai préféré me diriger vers le cinéma qui me paraissait moins risqué. J’ai commencé à ce moment-là à formater, bloquer, diriger ma créativité…
  • Je voulais faire des films de fiction mais lors de mon premier stage j’ai frôlé de près le viol, j’ai découvert un monde de fric, de drogues et de pouvoir qui m’a écœuré. Pour me protéger, j’ai préféré partir vers le documentaire.

MAIS QU’EST-CE QUE JE POURRAIS CREER ?

C’est mon grand questionnement car j’aime tout ! J’ai envie de chanter, de peindre, de faire des photos, d’écrire mon roman… Et en général, je ne fais rien de tout cela par peur de mal faire. Mais aussi car il m’est dur de faire passer en priorité mes pulsions créatives dans mon emplois du temps toujours surchargé…

Pour la la photographie c’est différents, je me permets une liberté absolue, sans pression, avec confiance… Je travaille de manière spontanée avec mon téléphone, sans me prendre la tête et surtout avec beaucoup de joie.

Mais peindre, chanter, écrire, quelle difficulté !

Petit à petit ces derniers mois, des choses se sont mises en place, presque à mon insu. J’ai commencé par photographier des feuilles, car j’adore ramasser des feuilles quand je me balade. Elles se sont retrouvées entassées sur mon bureau et un jour j’ai commencé à les crayonner. Et j’ai trouvé ça chouette, pas besoin d’un talent incroyable !

 

Puis je me suis retrouvée entourée d’amis qui chantent. Je leur ai d’abord parlé de mon blocage pour qu’ils m’aident en douceur. Ma voix n’a rien de spectaculaire (j’ai beau la chercher sur tous les sentiers, pour l’instant je ne l’ai pas encore trouvée !) mais j’adore apprendre avec eux de nouveaux chants. J’ai même commencé à envisager de retoucher au piano, alors que je l’ai violemment rejeté petite…

J’ai aussi commencé un roman… Après avoir écrit un peu tous les jours pendant 3 semaines ça fait maintenant 3 semaines que je l’ai mis de coté. J’ai peur mais j’ai décidé aussi d’accepter ma peur, de m’accorder cette pause, d’y aller doucement.

Oui dans l’idée générale peut-être je fais trop de choses pour les mener à bien mais peut-être aussi, et surement, que de toutes cette mixité va faire émerger ce qui me différencie, ce qui va nourrir mon art.

Je ne sais pas où je vais, quelle va être ma nouvelle identité, mais c’est passionnant (et flippant).

CREATION POETIQUE

Comme la vie aime jouer avec nous, un ami m’a demandé de le filmer. Au moment où je n’avais plus du tout envie de toucher à ma caméra et encore moins de faire du montage sur mon ordinateur.

J’ai tout de même accepté à condition que cela représente moins d’une journée totale de travail. Peu après le tournage, un soir dans mon lit une poésie est venue se déposer sur mon oreiller. Ma première poésie, sans l’avoir cherchée…

Ma dernière nouvelle création est donc finalement un film…

Petit rappel de la vie sur le fait de parfois de vouloir tout plaquer, comme si tout choix, tout changement devrait être pour toujours ou radical alors que tout est nuances….